L'Express - L'Impartial, 21 mars 2006
Une pianiste noble. Sylviane Deferne était l'invitée dimanche au temple du Bas des Amis du conservatoire de Neuchâtel. Accompagnée de l'Orchestre symphonique genevois dirigé par Hervé Klopfenstein, la musicienne, étourdissante de virtuosité, offrait avec ferveur le «Concerto pour piano et orchestre No 2» de Rachmaninov. Elans passionnés du mouvement initial, piano grandiose. Suivra un adagio beaucoup plus intimiste, presque ténu. Mais tout s'enflamme à nouveau en traits arachnéens au piano pour s'apaiser enfin en une délicieuse délicatesse. Jaillissement de virtuosité dans le dernier mouvement.
Sylviane Deferne excelle dans les traits. Son jeu ciselé, perlé et cristallin semble imperturbable. Elle enchaîne les difficultés avec une aisance confondante. L'orchestre paraît parfois un peu trop présent, noyant ici ou là le jeu de la soliste. Il retentira triomphant dans le fortissimo final.
Sylviane Deferne a eu l'idée de faire jouer les bis par deux de ses étudiants. On retrouve dans le jeu de Berkant Akgün et de Susanna Klovsky quelques-unes des caractéristiques de leur professeure: précision de l'attaque et intelligence de la ligne.
Orchestre en forme
On découvrait l'orchestre seul dans la «Symphonie No 8» de Dvorak. Tout débute par une majestueuse mélodie des violoncelles et des cuivres. Trompettes éclatantes et violons expriment l'exubérance de ce premier mouvement. L'élégance et la légèreté de l'orchestre convainquent dans l'allegretto grazioso. On s'imagine tourbillonner sur un parquet fraîchement ciré. Mais le glas des trompettes retentit déjà. Quelques coups de timbales. Un épisode en forme de marche précède une page plus lyrique, où l'orchestre développe de beaux legato. Une exaltation sonore couronnera cette éblouissante partition.
Saskia Guye