Journal d'Orbe, 13 juin 2003
20h35. L'église bourdonne de tous les accords qui montent dans le chœur. Elle accueille l'OSG. L'Orchestre symphonique de Genève, Hervé Klopfenstein et William Garcin: un triangle parfait!
Le violoniste solo est fasciné par la musique tsigane. Il en est le brillant ambassadeur. Partageant avec les musiciens l'ovation triomphale du public. La virtuosité technique, il la possède mais l'âme tsigane, il est allé la découvrir auprès de musiciens d'Europe centrale. Rigueur et maîtrise sont à la base du talent de William Garcin avec cette "enivrante liberté du virtuose qui raconte ".
Libre, il ne l'est pas tout à fait puisqu'il suit l'écriture de Brahms, de Strauss ou de Sarasate. L'émotion, la verve jubilatoire sortent du corps du violon, sans pathos, sans romantisme exacerbé. Il cisèle les sentiments que cette musique évoque.
Quant à Hervé Klopfenstein, il a dirigé au Carnegie Hall à Londres, au Sidney Opera House, à la Tonhalle à Zurich... Sa fidélité à l'OSG (plus de quatorze années) a fait de l'orchestre un des plus réputés du pays. L'effectif est impressionnant. D'ailleurs, il a fallu retirer des bancs. Un alto est au pied de la chaire, un autre a la tête presque couronnée de pivoines.
L'ensemble fait la part belle à de jeunes musiciens qui font leurs premières armes, bénévolement, au sein de la formation. Sous l'impulsion de Klopfenstein, l'orchestre à caractère symphonique a enregistré des oeuvres sacrées: le "Requiem allemand " de Brahms, celui de Verdi la "Messe en mi bémol" de Schubert, le "Stabat Mater" de Dvorak.
Le public est en pays de connaissance avec quatre danses de Brahms, les Czardas de la "Chauve-Souris" de Strauss ou la "Rhapsodie hongroise no 4" de Liszt. Oeuvres que le chef a voulu fastueuses. Il y a d'ailleurs parmi les musiciens comme un air de fête. Presque au coude à coude avec les auditeurs, ils ont laissé dans les coulisses cette solennité qui sied aux orchestres symphoniques. Le programme se prête à cette ambiance festive.
Kalman, le hongrois, camarade d'études de Kodaly est un virtuose confirmé de même que l'hispanique violoniste Sarasate. De sa technique époustouflante, l'anglais Georges Bernard Shaw disait: "il laissait les critiques s'essouffler à des kilomètres derrières lui." Le jeu en finesse et en élégance de William Garcin ne laisse pas les critiques de glace et séduit même un auditoire des plus exigeants.
Un concert remarquable en point d'orgue de la saison musicale à Yverdon-les-Bains!
Eliane Hindl
Critique du concert donné à Yverdon le 5 juin, parue dans la Journal d'Orbe du 13 juin 2003